CRITIQUE | « Lady Bird » : ado au bord de la crise de nerfs

Lady Bird - États-Unis, comédie dramatique, 93 minutes. Réalisation: Greta Gerwig | Scénario: Greta Gerwig | Photographie: Sam Levy | Montage: Nick Houy | Direction Artistique: Chris Jones | Costumes: April Napier | Musique: Jon Brion | Producteurs: Eli Bush, Evelyn O'Neill & Scott Rudin | Interprètes: Saoirse Ronan, Laurie Metcalfe, Lucas Hedges, Timothée Chalamet, Tracy Letts, Beanie Feldstein, Odeya Rush, Miguel Rodrigues

Greta Gerwig a été révélée en 2014 grâce au film indépendant de l’états-unien Noah Bauchman, Frances Ha. Ce rôle a valu à l’actrice-scénariste-réalisatrice une nomination au Golden Globes et une place enviable dans l’industrie du cinéma indépendant états-unien. Depuis, elle a enchaîné les rôles et a réalisé son premier long-métrage, Lady Bird, un récit d’apprentissage qui prend l’affiche ce weekend au Québec.

Christine McPherson (Saoirse Ronan), qui s’est officieusement rebaptisée Lady Bird, est une adolescente de 17 ans vivant à Sacramento, avec sa mère infirmière (Laurie Metcalfe), son père chômeur (Tracy Letts), son frère ainé (Jordan Rodrigues) et la copine de ce dernier. Lady Bird en étant à sa dernière année d’éducation secondaire dans une école privée catholique, le choix d’une université à fréquenter l’année suivante s’impose à elle. N’étant pas une élève modèle et n’ayant pas des parents possédant de grands moyens financiers, ses ambitions d’accéder à de grandes universités de la côte Est sont compromises. Avec sa meilleure amie, Julie (Beanie Feldstein), elle s’inscrit dans la troupe de théâtre de l’école où elle rencontre son premier petit ami, Danny (Lucas Hedges). Leur relation étant de courte durée, Lady Bird, qui est en pleine quête d’identité, se tourne vers un nouveau cercle social composé de jeunes bien nantis. Ces nouvelles fréquentations la rendent honteuse de sa condition modeste et de sa relation tendue avec une mère aimante, mais excessive. En cette année 2002, Lady Bird fera l’expérience de bien des premières avant la fin de ses études secondaires.

Film d’apprentissage et d’éducation, Lady Bird fait naviguer son héroïne dans les eaux tumultueuses de l’adolescence sans tomber dans les clichés. Greta Gerwig s’est inspirée de sa propre jeunesse pour écrire le scénario de son premier long-métrage. Sans qu’il soit autobiographique, Lady Bird puise abondamment dans l’expérience de Gerwig en tant qu’adolescente à Sacramento. La réalisation laisse transparaître une proximité entre la metteuse en scène et son sujet. Les références aux débuts des années 2000 et à la culture adolescente de cette époque sont nombreuses. D’ailleurs, la réalisatrice a généreusement garni le film de chansons populaires spécifiques au début du 21e siècle comme celles d’Alanis Morrisette et de Justin Timberlake.

Du côté des interprètes, Greta Gerwig a choisi des actrices de grands talents pour camper les rôles de Lady Bird et de sa mère. Saoirse Ronan impressionne une nouvelle fois dans ce rôle d’adolescente en rébellion. Après des compositions remarquées dans Atonement de Joe Wright, The Lovely Bones de Peter Jackson et Brooklyn de John Crowley, la jeune irlandaise semble destinée à recevoir sa troisième nomination aux Oscars à seulement 23 ans. Face à Ronan, il y a Laurie Metcalfe qui en met plein la vue avec une interprétation exubérante d’une mère bienveillante qui n’arrive pas à communiquer avec sa fille. Cette dernière se retrouvera probablement aussi en nomination pour un Oscar.

Là où certains films d’apprentissage tombent dans la comédie facile, Lady Bird est élevé par ses actrices principales et par le caractère personnel que Greta Gerwig insuffle à son récit qui ne pouvait être réalisé que par elle. Tout comme Lady Bird se transforme en jeune adulte dans le film, Gerwig s’est métamorphosée en une talentueuse réalisatrice.

3½ étoiles

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