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CRITIQUE | « 120 battements par minute » : hommage à la résilience

  • Francis Dupont
  • 14 oct. 2017
  • 3 min de lecture

120 battements par minute - France, drame, 142 minutes. Réalisation: Robin Campillo | Scénario: Robin Campillo & Philippe Mangeot | Photographie: Jeanne Lapoirie | Montage: Robin Campillo, Stéphanie Léger & Anita Roth | Direction artistique: Hélène Rey | Costumes: Isabelle Pannetier | Musique: Arnaud Rebotini | Producteurs: Hugues Charbonneau & Marie-Angue Luciani | Interprètes: Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz


Il a été le favori des festivaliers et de la critique lors du dernier Festival de Cannes, on lui prédisait même la Palme d’or. 120 battements par minute aura dû se contenter du Grand Prix. En conférence de presse, après le dévoilement du palmarès, Pedro Almodóvar, président du jury de cette édition, était devenu très émotif en parlant de ce film qu’il disait avoir adoré. Qu’à cela ne tienne, le long-métrage du Français Robin Campillo reste un vibrant hommage au militantisme contre le VIH/sida.

À l’aube des années 90, l’épidémie du sida fait rage depuis plus d’une décennie. La science n’a toujours pas permis d’assurer la survie des personnes contaminées. Les séropositifs meurent encore en nombre alarmant et les états occidentaux refusent de gérer cette crise de santé publique. En France, Act Up Paris, une association calquée sur une formation états-unienne, milite contre le sida grâce à des coups d’éclat : vandalisme avec du faux sang dans les industries pharmaceutiques ou distributions spontanées de préservatifs dans des lycées, tout est bon pour sensibiliser au VIH/sida. Pour ce groupe militant, formé en grande partie d’homosexuels, de lesbiennes et de transgenres séropositifs, l’enjeu est de faire connaître la réalité de l’épidémie du sida au grand public et de forcer les grandes sociétés pharmaceutiques à mettre en marché les médicaments qui pourraient prolonger leur espérance de vie. Au sein d’Act Up Paris, il y a des personnes plus flamboyantes les unes que les autres comme Sean (Nahuel Pérez Biscayart), un garçon séropositif, revendicateur et coloré. Il y a aussi Nathan (Arnaud Valois), une nouvelle recrue au sein du mouvement, qui est un jeune homme séronégatif et plutôt sage. Nathan sera vite séduit par l’exubérance de Sean et un amour naîtra sur fond de maladie et de revendications.

En réalisant 120 battements par minute, Robin Campillo s’est penché sur un sujet qu’il connait bien puisqu’il a lui-même fait partie d’Act Up Paris dans les années 90. Les histoires de ces jeunes gens enlevés par le VIH/sida, il les a vécus puisque ce sont celles de ceux qu’il a côtoyés dans sa jeunesse. Sa réalisation s’en ressent, elle est inspirée et personnelle comme s’il partageait une partie de son passé. L’utilisation du montage dans 120 battements par minute est particulièrement efficace. Lorsque les personnages relatent des souvenirs, leur voix hors champ accompagne les images desdits événements. Le procédé dynamise ainsi les séquences de débats et de discussions. D’ailleurs, Campillo reconstitue les assemblées militantes d’Act Up Paris avec beaucoup de vérité créant presque un effet documentaire. Et puis, Campillo compose aussi de puissantes séquences en alternant, par exemple, des plans de la Seine teinte en rouge et des plans du personnage de Sean souffrant sur son lit.

Si Arnaud Valois et Nahuel Pérez Biscayart sont les grandes révélations de ce film grâce à leur déchirante interprétation, l’ensemble de la distribution est impeccable. En faisant ce film sur le militantisme, Campillo a aussi recréé cet esprit de communauté au sein de sa distribution. Bien que tous les personnages ne brillent pas autant qu’ils le mériteraient, le personnage d’Hélène, mère d’un adolescent séropositif, aurait pu être exploité davantage, Campillo donne une voix à une pluralité d’individus affectés par le sida.

Il est vrai que 120 battements par minute s’essouffle un peu en fin de parcours, mais cela n’enlève rien à la puissance de son récit et à l’humanité que lui infuse Robin Campillo. Il signe un film à la fois personnel et universel. C’est un hommage à ceux, il y a à peine 25 ans, qu’on laissait mourir dans l’indifférence parce qu’ils avaient osé vivre leur vie de façon authentique.

4 étoiles

 
 
 

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