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CRITIQUE | « Les Proies » : Quand le loup entre dans la bergerie…

  • Francis Dupont
  • 5 juil. 2017
  • 3 min de lecture

Les Proies (V.O.: The Beguiled) - États-Unis, suspense, 93 minutes. Réalisation: Sofia Coppola | Scénario: Sofia Coppola d'après le roman The Beguiled de Thomas Cullinan | Photographie: Philippe Le Sourd | Montage: Sarah Flack | Direction artistique: Anne Ross | Costumes: Stacey Battat | Musique: Phoenix | Producteurs: Sofia Coppola & Youree Henley | Interprètes: Nicole Kidman, Colin Farrell, Kirsten Dunst, Elle Fanning, Emma Howard, Oona Laurence, Angourie Rice, Addison Riecke

Atypique est certainement le mot qui convient le mieux à la carrière de Sofia Coppola. Née dans la royauté hollywoodienne, elle débute dans le cinéma comme actrice avant de se diriger derrière la caméra. Son cinéma, fondamentalement indépendant, lui permet de se créer une carrière à part entière dans un univers dominé par les hommes. Sa filmographie touche à des registres plus différents les uns que les autres. Son dernier film, Les Proies, est un remake d’un suspense de 1971 qui mettait en vedette Clint Eastwood.

1864, Virginie, la guerre de Sécession fait rage. Reclus dans le fin fond de la campagne, un pensionnat pour jeunes filles, situé dans une immense maison de style néoclassique, est tenu par Miss Martha Farnsworth (Nicole Kidman). Dans cette institution, cinq filles reçoivent l’éducation essentielle aux futures femmes de cette époque : l’apprentissage du français, la couture, la cuisine. Le tout est dispensé par l’institutrice Edwina Morrow (Kirsten Dunst). Ce quotidien bien rangé est dérangé lorsqu’une des jeunes élèves découvre un soldat de l’armée de l’Union blessé, le caporal John McBurney (Colin Farrell), dans la forêt. Celui-ci est hébergé à contrecœur par Miss Martha. Sa présence change rapidement le comportement des femmes du pensionnat, de la doyenne à la plus jeune. Bien que le caporal McBurney soit confiné dans une chambre et ne puisse marcher, les demoiselles tombent sous le charme de cet immigré irlandais. Si Miss Martha et Edwina tente de cacher leur désir envers le caporal, certaines jeunes filles, comme Alicia (Elle Fanning), montrent ouvertement leur attirance. Bientôt, les demoiselles rivaliseront pour l’attention de l’improbable invité avant de comprendre ses véritables intentions.

Sofia Coppola surprend en s’aventura sur le terrain d’un suspense comme celui des Proies. La réalisatrice états-unienne n'avait jamais osé le film de genre et encore moins à faire un remake. Celle qui s’est fait connaître avec The Virgin Suicides et qui a été consacrée avec Lost in Translation, étonne dans son approche du suspense. Le regard intimiste que Coppola a souvent jeté par le passé sur ses personnages trouve ici une résonnance pertinente. La réalisatrice de Marie Antoinette a expliqué avoir voulu refaire Les Proies pour raconter cette histoire du point de vue des femmes alors que, dans l’original, c’était le personnage du caporal McBurney qui était au centre de l’histoire. Avec cette réinterprétation, Coppola offre des personnages texturés, aux passés et aux volontés ambiguës.

Le film a surtout fait parler de lui pour ses personnages de femmes vengeresses. Il ne faut pas s’attendre pour autant à un récit où un groupe de femmes s’unissent contre un infâme séducteur. Au contraire, si les publicités laissent penser à ce genre de long-métrage, en réalité, Coppola est loin de tomber dans un récit aussi simple. Si la fin est plutôt prévisible, les motivations des personnages le sont beaucoup moins ce qui en fait un suspense riche. Cette richesse n’est pas seulement due à l’histoire et à la réalisation, mais aussi à la magnifique photographie et aux interprètes. Les quatre acteurs principaux sont convaincants que ce soit Nicole Kidman en impérieuse chef de clan, Colin Farrell en sombre Casanova, Kirsten Dunst en triste pucelle ou Elle Fanning en adolescente provocante. D’ailleurs, Nicole Kidman s’est mérité un prix spécial au dernier Festival de Cannes pour Les Proies et son autre film en compétition, The Killing of a Sacred Deer. Pour sa part, Sofia Coppola s’est vue attribuer le prix de la mise en scène, la deuxième femme à recevoir ce prix en 70 ans d’histoire cannoise.

Les Proies n’est pas le plus grand film de Sofia Coppola, mais il reste tout de même un de ses films forts parmi une filmographie peu commune. Un peu comme cette cinéaste, elle-même peu commune, qui a acquis une place enviable dans le cinéma américain.

3½ étoiles

 
 
 

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