CRITIQUE | « Personal Shopper » : glamour et spiritisme
- Francis Dupont
- 30 mars 2017
- 3 min de lecture

Personal Shopper - France, suspense, 110 minutes. Réalisation: Olivier Assayas | Scénario: Olivier Assayas | Photographie: Yorick Le Saux | Montage: Marion Monnier | Direction artistique: François-Renaud Labarthe | Costumes: Jürgen Doering | Producteur: Charles Gillibert | Interprètes: Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Nora von Waldstätten, Anders Danielsen, Ty Olwin
Le cinéaste français Olivier Assayas refait équipe avec sa muse, Kristen Stewart, dans Personal Shopper. Après avoir exploré la chute professionnelle d’une actrice vieillissante dans Sils Maria, cette fois-ci, le duo, tout en restant dans le monde de la jet set, s’immisce dans l’univers des esprits. Une proposition qui a de quoi étonner, mais qui se révèle franchement fascinante.
Maureen (Kristen Stewart), jeune Américaine installée à Paris, est une commis d’achat pour Kyra (Nora von Waldstätten), une célébrité aux demandes exigeantes. Elle sillonne la Ville Lumière pour magasiner vêtements, bijoux et chaussures pour sa riche cliente en plus d’accomplir des tâches qui dépassent son mandat. Maureen est aussi médium. Depuis la mort de son frère jumeau, il y a quelques mois, elle tente d’entrer en contact avec lui. Avec son frère, qui était lui aussi médium, ils s’étaient promis que le premier à mourir tenterait de contacter l’autre depuis l’au-delà. Ainsi, la jeune femme cherche à tout prix à repérer un signe que son frère tenterait de lui laisser. Pour se faire, elle fait de brefs séjours dans l’ancienne maison du défunt avant qu’elle ne soit vendue par Lara (Sigrid Bouaziz), la conjointe de ce dernier. Alors que Maureen pense peut-être repérer des tentatives de communication de la part de son frère, quelqu’un la contacte par message texte pour la bombarder de questions étranges. La quête de Maureen se transforme rapidement en une obsession qui amènera le chaos dans son quotidien.
Olivier Assayas est un des réalisateurs français les plus prolifiques des dernières années. En plus de Personal Shopper qui lui a valu le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, il a aussi réalisé Sils Maria, prix Louis-Delluc du meilleur film français en 2014, Après mai en 2012, Carlos en 2010 et Les heures d’été en 2008. Pourtant, parmi tous ses longs-métrages, Personnal Shopper est le seul à se classer dans les films de genre. Assayas propose un suspense aux accents d’horreur tout en restant un film d’auteur. Le mélange n’est pas habituel, mais il est très efficace. Au cœur de l’histoire se trouve une jeune femme en deuil et en perte de repère. Elle ne sait pas qui elle est ou ce qu’elle veut et le deuil lui permet d’échapper aux angoisses de son existence. Cette prémisse plutôt conventionnelle permet à Assayas d’introduire les aspects d’horreur en utilisant le deuil comme justification. Que vous croyiez ou non aux esprits, ce n’est pas vraiment la question autour de laquelle tourne le film. Le réalisateur explore plutôt les limites entre le réel et l’imaginaire et les effets du deuil sur cette limite. Maureen se dit médium, mais le deuil de son frère l’affecte à un point tel où elle ne semble plus discerner le monde réel de l’au-delà. Son frère peut-il vraiment être celui qui lui envoie ses mystérieux messages textes? Elle ne le sait pas, mais son désespoir est si grand, qu’elle est prête à considérer le moindre signe comme un message de la part de son frère. Olivier Assayas a astucieusement conçu son récit et sa mise en scène afin de brouiller les pistes d’explication laissant le spectateur dans le même flou que son héroïne.
Pour ce qui est de l’interprétation, il faut souligner l’excellent travail de Kristen Stewart. Sa première collaboration avec Assayas lui avait valu le César du second rôle féminin en 2014, une première pour une actrice américaine, ainsi que plusieurs prix d’interprétation de la part des groupes de critiques américains. Dans Personal Shopper, elle montre un registre d’interprétation plus complet et nuancé. Kristen Stewart n’est indéniablement plus la jeune actrice qui s’est fait connaître grâce à la franchise des films Twilight. Après une série de films indépendants, elle s’est, non seulement, affranchie de son étiquette d’actrice commerciale, mais elle a confirmé qu’elle était une excellente interprète qui ne fait que commencer à impressionner.
3½ étoiles
Personal Shopper est présentement à l'affiche au Québec.





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