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CRITIQUE | "The Neon Demon": Le diable ne s'habille pas seulement en Prada

  • Francis Dupont
  • 1 juil. 2016
  • 3 min de lecture

"The Neon Demon" - Danemark/États-Unis/France, 2016, horreur/suspense, 1h58. Réalisation: Nicolas Winding Refn | Scénario: Nicolas Winding Refn, Mary Laws, Polly Stenham | Photographie: Natasha Braier | Montage: Matthew Newman | Musique: Cliff Martinez | Direction artistique: Elliott Hostetter | Costumes: Erin Benach | Producteurs: Lene Børglum, Sidonie Dumas, Vincent Maraval, Nicolas Winding Refn | Interprètes: Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee, Karl Glusman, Desmond Harrington, Christina Hendricks, Keanu Reeves.

Nicolas Winding Refn est sans doute le réalisateur le plus audacieux et le plus dérangeant (après Lars Von Trier) que le Danemark ait produit depuis fort longtemps. En Europe, il s’est fait un nom avec sa série de films Pusher, mais c’est avec Drive, prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2011, qu’il s’est taillé une place parmi les cinéastes les plus dynamiques de la planète. Certains l’adorent, d’autres le détestent, mais Winding Refn ne laisse personne indifférent.


Le réalisateur danois est de retour sur nos écrans avec The Neon Demon lancé au dernier Festival de Cannes. Winding Refn a choisi de camper son film dans l’univers du mannequinat. Si ce choix peut sembler surprenant pour un cinéaste comme lui, le traitement qu’il lui accorde s’insère parfaitement dans l’esthétique du reste de son œuvre. The Neon Demon suit l’arrivée de la jeune et belle Jesse (Elle Fanning) à Los Angeles afin d’y tenter sa chance comme mannequin. Mystérieuse et naïve, elle fait rapidement la connaissance d’une galerie de personnages atypiques : une artiste-maquilleuse bienveillante (Jena Malone), un propriétaire de motel inquiétant (Keanu Reeves) et des mannequins envieuses (Bella Heathcote & Abbey Lee). Rapidement, le succès se fait sentir pour Jesse. Si certains, subjugués par sa beauté, cherchent à la séduire et à la protéger, d’autres deviennent follement jalouses de ses airs d’ingénue.


Si la prémisse de The Neon Demon a déjà été vue plusieurs fois, le scénario fait dévier l’action dans un univers beaucoup plus sombre qu’à l’habitude. Les scénaristes, Mary Laws, Polly Stenham et Nicolas Winding Refn, n’offrent pas un récit original, mais leur traitement de l’histoire rappelle des éléments du conte et du mythe. Certaines scènes très (trop) violentes qui jalonnent le scénario exacerbent la folie dans laquelle les personnages s’enfoncent tranquillement. Bien que ceux-ci soient tous très atypiques, aucun d’entre eux ne se dévoilent véritablement. Les personnages sont plutôt unidimensionnels. C’est en particulier le cas de la protagoniste, Jesse, qui subit un changement de personnalité majeur au cours du récit, mais dont le passé nous reste inconnu.


La force de ce nouveau film de Winding Refn est sans conteste son esthétique. Tous les plans semblent avoir été minutieusement orchestrés. Rien n’est laissé au hasard dans The Neon Demon. Tout est cadré au millimètre près, les plans sont truffés de symboles, les décors, les costumes et les maquillages sont léchés. Faisant référence au titre, les scènes sont dominées par des couleurs fluorescentes : violet, rose, turquoise, bleu. Une musique quasi constante dynamise le film. Elle n’est pas sans rappeler la bande originale de films tels que Blade Runner.


Avec The Neon Demon, Nicolas Winding Refn propose un film à l’esthétique fort sans être dénudé de propos. Si son histoire ne surprend pas, la réflexion qu’il propose sur l’image corporelle féminine dans notre société et l’industrie de la mode est intéressante. Jusqu’où la valorisation de certains canons de beauté peut-elle nous mener? Qui sont les victimes de cette glorification maladive de la minceur? Ne sommes-nous pas à la fois victime et responsable de l’obsession de l’image qui gangrène notre monde? Winding Refn ne fait pas dans la subtilité pour poser ces questions. Certains y verront une véritable boucherie gore qui valorise la violence gratuite. Il est vrai que le réalisateur danois va dans l’excès par moment, particulièrement à la fin du film, mais ne faut-il pas y voir une métaphore de la violence dont sont victimes toutes ces jeunes femmes qui sont bombardés par les dictats par une industrie de la « pseudobeauté »? The Neon Demon choquera beaucoup de gens. Pourtant, ce n’est peut-être pas le film qui devrait choquer, mais l’industrie qui en est l’inspiration.


3½ étoiles

 
 
 

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