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CRITIQUE | "The Revenant": épopée visuelle au récit dénué

  • Francis Dupont
  • 16 janv. 2016
  • 3 min de lecture

"The Revenant" - États-Unis, 2015, drame épique, 2h36. Réalisation: Alejandro G. Iñárritu | Scénario: Mark L. Smith & Alejandro G. Iñárritu d'après The Revenant de Michael Punke| Photographie: Emmanuel Lubezki | Montage: Stephen Mirrione | Musique: Carsten Nicolai & Ryuichi Sakamoto | Direction artistique: Jack Fisk | Costumes: Jacqueline West | Producteurs: Amon Milchan, Steve Golin, Alejandro G. Iñárritu, David Kanter, Mary Parent, James W. Skotchdopole, Keith Redmone| Interprètes: Leonardo Dicaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Forrest Goodluck, Duane Howard


On parlera probablement longtemps de cette scène, dans The Revenant, où Hugh Glass, interprété par Leonardo Dicaprio, se fait attaquer par un ours. C’est violent, c’est graphique et, même, difficile à regarder, mais c’est d’un réalisme à couper le souffle. La scène a déjà fait beaucoup parler sur les réseaux sociaux durant les dernières semaines. Probablement, que d’ici quelques années, elle se sera implantée dans la culture populaire tout comme la fameuse scène où le Jack Dawson de Dicaprio sombre dans les eaux de l’Atlantique. En fait, la scène de l’attaque de l’ours dans The Revenant donne le ton au reste du film : des images à couper le souffle, beaucoup de violence et une prestation d’acteur habitée.


The Revenant est basé sur la véritable histoire de Hugh Glass (Leonardo Dicaprio), un explorateur et un trappeur ayant parcouru les territoires sauvages des États-Unis au courant du XIXe siècle. On le retrouve au sein d’un groupe de trappeurs mené par le capitaine Andrew Henry (Domhnall Gleeson) qui vient d’échapper à l’assaut d’une tribu autochtone. Glass est ensuite victime d’une attaque d’ours qui le laissera grièvement blessé. Son état empêchant le reste du groupe de poursuivre leur chemin, son fils, Hawck (Forrest Goodluck), et deux autres trappeurs, John Fitzgerald (Tom Hardy) et Jim Bridger (Will Poulter), se portent volontaires pour veiller sur Glass. Fitzgerald, convaincu qu’il est inutile d’espérer que Glass s’en sorte, se débarrasse rapidement de Hawck, menace Bridger et s’enfuit en laissant le blessé seul et mourant. Ce dernier affrontera de nombreux obstacles physiques et géographiques afin de retrouver Fitzgerald et venger la mort de son fils ainsi que l’acte de traîtrise dont il a été victime.


Leonardo Dicaprio trouve ici un rôle exigeant et la mesure de son talent. Sa performance est avant tout physique. Il est seul, blessé et sans voix une grande partie du film, mais, cela n’empêche pas que la prestation est impressionnante. L’énergie qu’il insuffle à son personnage est forte et exprime clairement la vengeance qu’il recherche désespérément. Dicaprio transmet avec beaucoup d’habilité la détermination qui nourrit Glass. Nous avons ici le prochain lauréat de l’Oscar du meilleur acteur, c’est une certitude. La performance est enlevante et avec six nominations en poche, son heure est venue. Pour sa part, Tom Hardy est tout à fait détestable dans le rôle du lâche John Fitzgerald. Cette dynamique prestation couronne une année faste pour l’acteur anglais qui s’est aussi illustré dans Mad Max : Fury Road et Legend.


Avec The Revenant, Alejandro G. Iñárritu offre une œuvre qui s’approche, par moment, du film d’action. Les péripéties sont nombreuses et filmées de manière dynamique. La mise en scène d’Iñárritu enrichit singulièrement le récit. C’est justement le scénario qui est la faiblesse du film. Si tous les autres aspects sont remarquables, l’histoire, sans être dénudée d’intérêts, est rocambolesque et frôle l’improbable à plusieurs reprises. Dans cette perspective, le travail du réalisateur pallie les faiblesses du récit. Si le travail scénaristique de Mark L. Smith et Iñárritu n’est pas convaincant, le réalisateur mexicain prouve encore une fois qu’il est un grand artisan de la mise en scène.


Iñárritu collabore de nouveau avec son compatriote mexicain, Emmanuel Lubezki, après avoir frappé fort l’an dernier avec l’excellent Birdman. Dans ce précédent film, Lubezki avait filmé de façon à faire croire à un long plan-séquence durant toute la durée du film. Dans The Revenant, sa caméra capture la forêt américaine en lui donnant beauté et grandeur. Chaque plan laisse place à l’environnement aride qui entoure Hugh Glass. Véritable maître de la photographie, Lubezki donne au film un ton poétique par ses splendides images dans lesquelles il montre la petitesse de l’homme au milieu de la nature.


The Revenant n’est pas le meilleur film d’Iñárritu, mais c’est tout de même un bon film. Depuis Birdman, Iñárritu offre des propositions artistiques très différentes de celles vues dans le passé. Avec The Revenant, il offre un film résolument américain par son histoire et son genre, quoique toujours marqué de sa signature distinctive. Il est vrai qu’avec une filmographie aussi impressionnante que la sienne, il est difficile de rivaliser avec ses offrandes passées comme 21 Grams et Babel. D’ailleurs, The Revenant n’a certainement pas l’intensité émotionnelle et l’humanité de ces deux derniers films, mais c’est un magnifique film épique comme il s’en fait peu de nos jours.


3 ½ étoiles

 
 
 

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