CRITIQUE | "Ville-Marie": lieu des destins croisés
- Francis Dupont
- 12 oct. 2015
- 2 min de lecture
"Ville-Marie" - Québec, 2015, drame, 1h40. Réalisation: Guy Édoin | Scénario: Guy Édoin & Jean-Simon DesRochers | Photographie: Serge Desrosiers| Montage: Yvann Thibodeau | Musique: Olivier Alary & Johannes Malfatti | Direction artistique: David Pelletier | Costumes: Julia Patkos | Producteur: Félize Frappier | Interprètes: Monica Bellucci, Pascale Bussières, Aliocha Schneider, Patrick Hivon, Louis Champagne.
Ville-Marie, le second long-métrage de Guy Édoin après Marécages, prend l’affiche le 9 octobre au Québec après avoir été présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto (TIFF) en septembre.
Dans ce film choral, l’histoire suit Sophie Bernard (Monica Bellucci), actrice européenne, qui débarque à Montréal pour le tournage d’un film. Elle y retrouve Thomas (Aliocha Schneider), son fils, qu’elle n’a pas vu depuis trois ans. Parallèlement, Pierre (Patrick Hivon), un ambulancier récemment remis d’une dépression, et Marie (Pascale Bussières), une infirmière ayant fui sa vie d’avant, travaillent à l’hôpital Ville-Marie. Les destins de ces quatre personnages se croiseront dans cet hôpital à la suite d'un accident.
Ville-Marie compte sur un solide scénario signé Guy Édoin avec la collaboration de Jean-Simon DesRochers. Bien que le début de l’intrigue semble emprunter quelques traits narratifs qui ont déjà été vus, la suite du récit ne tarde pas à se raffiner afin de dévoiler tranquillement le passé de chacun des personnages. Parmi les moments les plus marquants de Ville-Marie, il faut souligner une scène d’ouverture particulièrement troublante et une très belle scène entre les personnages de Bellucci et Bussières dans laquelle Édoin montre, avec des dialogues simples, mais chargés de sens, deux personnages féminins forts et résilients.
La distribution de Ville-Marie offre des performances convaincantes particulièrement celle de Patrick Hivon. Il offre un jeu juste et constant qui laisse voir un homme hanté par ses remords. Monica Bellucci illumine l’écran dans la deuxième partie du film où tous ses artifices tombent et elle permet à la vulnérabilité de Sophie de s’exprimer. De son côté, la récipiendaire de deux prix Jutra, Pascale Bussières, qui reprend son rôle de Marie dans Marécages, offre une prestation toute en nuance et dont la seule présence à l’écran permet de comprendre qui est Marie.
Guy Édoin propose une réalisation efficace jouant intelligemment avec les mises en abîme pour expliquer le passé du personnage de Bellucci. Il alterne entre le récit de Ville-Marie et celui du film dans lequel Sophie Bernard joue. C’est durant ces scènes qu’Édoin appuie les références au cinéma hollywoodien des années 50 avec de magnifiques décors et costumes ainsi qu’une sublime musique. Sa caméra filme avec langueur Montréal lui attribuant une place importante dans le récit, lui conférant même un rôle à part entière dans le film. Sa caméra magnifie aussi certains de ses personnages en les filmant de manière admirative, particulièrement dans le cas du personnage interprété par Aliocha Schneider. Cependant, la mise en scène d’Édoin manque de fluidité dans certaines scènes. Il est possible de sentir certains rôles secondaires manquer d’authenticité.
Ville-Marie permet d’observer une évolution et une maturité chez Guy Édoin, trois ans après le très beau Marécages. Les relations mère-fils et les personnages blessés continuent de peupler son univers dans lequel il est toujours plaisant de replonger.
3½ étoiles
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